"Les pollutions spatiales n'existent pas"
vraiment ?
La notion de "pollutions spatiales" est parfois contesté car, dans le cas des débris spatiaux, cette pollution n'a pas lieu dans l'écosphère. En gros, puisqu'il n'y a pas de vie en orbite, il ne serait pas possible de polluer les orbites.
Mais ce raisonnement comporte deux paradoxes :
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Les débris spatiaux en orbite ne sont pas polluants, mais ils le deviennent lorsqu'ils pénètrent dans l'atmosphère.
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Les débris spatiaux ne sont pas polluants parce qu'il n'y a pas de vie en orbite. Mais la Station Spatiale Internationale (ISS) doit effectuer chaque année plusieurs manœuvres d'évitement des débris spatiaux parce qu'ils menacent... la vie des astronautes!!!
Ce faux débat sur les "pollutions spatiales" n'est pas sans rappeler le débat sémantique sur le "réchauffement de la planète" ou le "dérèglement climatique". De notre point de vue, il n'est plus audible aujourd'hui car il sert à justifier l'inaction des acteurs.
Vous comprenez maintenant pourquoi nous parlons d'environnement orbital !
D'ailleurs, dès 1990, un rapport du Congrès des Etats-Unis utilisait déjà la notion d'environnement spatial.
the Space debris app
L'objectif de la Space Debris App est de visualiser les chutes de débris spatiaux trouvés sur terre ou en mer depuis les années 2010 et qui ont été documentés en sources ouvertes. Cette application est lauréate du 3e prix Hackathon Cassini Suisse en 2022.
Ces pollutions ont un impact sur notre environnement, tant sur Terre que dans l'espace.
Lorsque les satellites brûlent dans l'atmosphère, leurs particules polluent la terre, l'océan et l'air. Ces pollutions sont actuellement étudiées. Certains objets spatiaux - qui ne peuvent pas être complètement brûlés dans l'atmosphère - sont abandonnés dans l'océan, notamment dans le Pacifique au Point Nemo, mais aussi sur terre parfois même sur des zones résidentielles.
En orbite, les débris spatiaux endommagent les satellites et peuvent même les rendre inopérants. À terme, l'accumulation de débris spatiaux peut entraîner une réaction en chaîne connue sous le nom de "syndrome de Kessler". Donald J. Kessler, expert en débris spatiaux à la NASA, a observé qu'au-delà d'une certaine masse critique, la quantité totale de débris spatiaux ne cesse d'augmenter : les collisions donnent naissance à d'autres débris et entraînent d'autres collisions, dans le cadre d'une réaction en chaîne.
A l'heure actuelle, il n'existe pas (encore!) de modèle économique pour une gestion durable de l'accès à l'espace, et ce pour différentes raisons :
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Les citoyens et les entreprises qui n'ont pas accès à ces informations ne peuvent pas prendre position sur le sujet, et contraindre les mauvais acteurs à adopter des comportements durables. Pourtant ils contribuent par leurs impôts à financer le développement du secteur spatial.
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Il n'y a pas de réelles contraintes juridiques envers les comportements non-durables dans l'espace.
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Il n'y a pas d'incitation économique au développement durable des actvités spatiales.
Dans les prochaines années, l'humanité envisage d'envoyer jusqu'à six fois plus de satellites qu'elle ne l'a fait en 60 ans. À ce rythme, si des ressources suffisantes ne sont pas allouées à la gestion durable de l'orbite, une catastrophe environnementale semble inévitable.